L’adaptabilité collective : une des caractéristiques clé des organisations bioinspirées
L’adaptabilité collective devient de plus en plus indispensable dans notre contexte de changement permanent, pourtant elle est loin d'être simple à développer - tant cela remet en question beaucoup des principes de fonctionnement “classiques”.
Il y a deux façons d’aborder l’organisation d’une équipe, d’un département , d’une entreprise :
soit l'organisation est pensée/imaginée telle qu’elle doit être dans l’idéal puis on cherche à la diffuser dans les équipes,
Soit on conçoit une première version de l'organisation en se basant sur ce que l'on a à réaliser ensemble, tout en se dotant de la capacité de la faire évoluer au fur et à mesure.
👉 La première façon, nous la connaissons : quiconque a vécu une réorganisation sait que cette méthode a été longtemps privilégiée. Elle a l'inconvénient majeur de se heurter au mur du réel - et l’écart entre ce que l'on a prévu et le terrain peut s’avérer gigantesque. C’est bien souvent douloureux pour les opérationnels et pour les managers. Cette méthode part du principe que si l'on pense “bien” alors le reste suivra - c’est une vue de l’esprit.
👉 La 2ème façon, celle des organisations bioinspirées, consiste à reconnaître :
qu’une organisation répond à des besoins (métiers, humains, sociétaux…)
que des contraintes s’exercent et viennent à un moment ou un autre perturber le déroulement des activités
qu’il n‘est pas possible de définir une organisation une fois bonne pour toute - en particulier dans le contexte de transition que nous vivons.
Il est donc vital de développer une caractéristique désormais clé : l'adaptabilité collective.
Dans le vivant
L’adaptabilité du Vivant n’est plus à prouver - même s' il y a aussi des limites et qu’elle est variable selon les espèces. Les espèces très spécialisées sont très performantes dans un certain contexte mais ne sont pas capables de s’adapter quand les contraintes changent.
🐰Citons le lièvre variable qui devient blanc pour se camoufler dans la neige. Avec la baisse de l’enneigement, il devient un cible pour ses prédateurs et la population diminue désormais fortement dans les Alpes.
Les espèces plus généralistes ont la capacité à faire face à des conditions plus diversifiées et savent perdurer quand les contraintes évoluent - par exemple le chocard à bec jaune.
Construire l’adaptabilité collective
Quels sont les ingrédients de l’adaptabilité collective ?
En premier lieu cela concerne tout le monde : l’adaptabilité ne peut pas porter sur certaines personnes uniquement car les situations nouvelles se rencontrent partout - dans tous les métiers.
Cela nécessite un certain niveau d’autonomie des personnes. Or sont-elles autorisées à changer les pratiques lorsque le contexte l’exige ?
Cela demande de l’engagement personnel car prendre en charge une situation non prévue par l’organisation est coûteux et risqué pour la personne - si la structure ne le reconnait pas, ne le valorise pas, l’engagement ne peut pas tenir dans le temps.
Par ailleurs, l’engagement a lieu lorsqu’il y a du sens. On ne s’engage pas lorsque c’est absurde ou que le sens n’est pas clair et partagé.
Enfin, cela demande de la coopération. En effet, la personne qui prend en charge une situation nouvelle a besoin des autres pour fournir une réponse nouvelle. Sans un socle de coopération fort et des liens “fluides”, c’est très énergivore voire quasi impossible et on se retrouve trop souvent en mode “crise”
Si nous avons toujours eu besoin d’un peu de capacité d’adaptation, aujourd’hui il est manifeste que le fonctionnement des organisations doit faire un “saut évolutif“ pour apporter des réponses et s’adapter à un contexte très sollicitant pour chacun et pour les collectifs.
L’adaptabilité collective des organisations bioinspirées est une des caractéristiques clé de ce saut évolutif.
PS : Nous avons mené une enquête lors de la biomim’expo. L’adaptabilité est arrivée en premier comme la caractéristique la plus importante à mettre en place dans son organisation
